Alors que les travaux parlementaires commencent à examiner le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, les incertitudes sont grandes, notamment en matière d’exonération des charges patronales. Abdelkader Berramdane, responsable de la veille juridique chez SD Worx, dresse un panorama des enjeux en place et des conséquences à envisager côté entreprises.

Plusieurs études, dont une vaste enquête menée par SD Worx, livrent des enseignements inédits sur la façon dont les salariés appréhendent la politique de rémunération de leur employeur, et ses conséquences sur leur propre bulletin de paie et leur BSI (bilan social individuel). Il en ressort un décalage de perception entre les entreprises et leurs forces vives, qui doit interpeler le service RH – les gestionnaires de paie en particulier.

Depuis deux ans, ce métier fait partie du Top 10 des jobs les plus recherchés par les recruteurs. À la fois rare sur le marché du travail et indispensable à la bonne marche des organisations, il mérite d’être davantage connu et reconnu pour susciter davantage de vocations. Si l’entreprise a un rôle-clé à jouer dans cette dynamique, elle peut également miser sur l’externalisation pour disposer, de manière ponctuelle ou dans la durée, des compétences de gestionnaires de paie.

C’est une tendance en plein essor depuis deux ans, qui s’inscrit dans un contexte de tensions sur le pouvoir d’achat et d’attente de flexibilité dans le versement du salaire : les demandes d’acompte sont de plus en plus plébiscitées par les collaborateurs. Elles représentent donc un surcroît de travail pour les services paie, qui peuvent décider de les déléguer à leur partenaire éditeur. 

À l’occasion de la rentrée, Abdelkader Berramdane, responsable de la veille juridique chez SD Worx, revient sur l’actualité du premier semestre 2024 et dessine des perspectives pour les prochains mois. L’occasion, pour l’expert, de pointer plusieurs points de vigilance liés à la réforme de l’acquisition des congés payés pour les salariés en arrêt de travail.

Nous avons demandé à des employeurs et à des employés de 18 pays européens de nous parler de la paie dans leur entreprise. Aujourd’hui, quatre experts de SD Worx partagent les résultats de la nouvelle étude pour répondre aux questions majeures sur la paie auxquelles chaque organisation est confrontée en 2024.

À une époque marquée par les fluctuations économiques et l'insécurité financière croissante, le bien-être financier des collaborateurs est devenu une préoccupation majeure pour les organisations à travers l'Europe. Les données récentes du deuxième baromètre européen de la pauvreté et de la précarité révèlent que 29 % des Européens se considèrent dans une situation financière précaire.

En 2024, de nombreuses entreprises ont encore du mal à gérer les fondamentaux de la paie, ce qui a un impact sur les taux de rétention. Nos recherches montrent que 29 % des employés qui ont été payés en retard à plusieurs reprises au cours de l'année écoulée sont activement à la recherche d'un emploi, contre seulement 10 % de ceux qui ont toujours été payés à temps. De même, 25 % des employés qui ont été confrontés à des inexactitudes de paiement au cours de l'année écoulée sont à la recherche d'un emploi, contre 9 % de ceux qui ont reçu des chèques de paie précis.

Dans le domaine en constante évolution des RH, l'attrait de l'IA est indéniable. Cependant, son intégration dans les systèmes de paie reste une ressource relativement inexploitée, avec un peu plus d'un cinquième des entreprises européennes intégrant des technologies d'IA dans leurs systèmes de paie. Pourtant, là où l'IA a trouvé sa place, l'impact peut être profond : elle facilite les calculs automatisés de la paie et élimine les tâches chronophages, détecte les erreurs avec finesse et garantit la conformité avec facilité.

Dans le paysage en constante évolution de la gestion des ressources humaines, l'intégration de la technologie de la paie n'est pas seulement une question de commodité ; c'est un impératif stratégique. Cependant, notre nouvelle étude montre que pour une entreprise européenne sur dix, la création d'un système de paie intégré et efficace reste un défi urgent mais non relevé.

À une époque où l'efficacité opérationnelle se traduit directement par un avantage concurrentiel, on ne saurait trop insister sur l'importance de choisir la bonne technologie de paie. Pour les responsables RH, la maîtrise des défis de la paie est essentielle à l'atteinte des objectifs organisationnels. Pourtant 13% des entreprises françaises citent systématiquement la rapidité et l'efficacité du traitement de la paie comme leur principal défi en matière de paie. Ce défi est particulièrement aigu pour les entreprises de taille moyenne, prises entre les limites des solutions à petite échelle et les systèmes haut de gamme inaccessibles privilégiés par les grandes entreprises. Déterminer la technologie de paie parfaite qui comble cet écart est essentielle à leur succès.

La sécurité des données de paie est actuellement le plus gros investissement des entreprises françaises lorsqu'il s'agit de gérer la paie. Le maintien de la conformité est juste après.