Semaine de quatre jours : quels retours d’expérience ?
Ces dernières années, plusieurs entreprises pionnières testent cette nouvelle organisation du travail, démontrant ainsi les bénéfices à en attendre, à la fois sur le bien-être des équipes mais aussi sur leur productivité. Des expérimentations réussies, à condition de respecter quelques règles du jeu – notamment dans l’animation managériale et la gestion des temps et des activités.
Le 21 février dernier, le think tank Autonomy a présenté les résultats de l’expérience mise en place six mois plus tôt : celle associant plusieurs dizaines d’entreprises britanniques pour tester la semaine de quatre jours, soit la plus large à ce jour réalisée dans le monde. Le résultat est sans appel : sur les 61 sociétés concernées, 56 vont maintenir cette nouvelle organisation. Pour expliquer ce plébiscite, il faut se pencher sur plusieurs indicateurs : un taux moyen de burn out en baisse de 71 %, un turnover réduit de 57 %, et une majorité de salariés évoquant un meilleur équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle.
Dans le Top 3 des attentes d’une majorité de Français
Sans surprise, les actifs intègrent désormais la semaine de quatre jours dans leurs attentes envers l’employeur. Talent.com, spécialiste du marché de l’emploi et du recrutement, vient de publier les résultats d’un sondage auquel plus d’un millier de Français ont participé. Plus de la moitié d’entre eux placent ce dispositif dans le top 3 des avantages dont ils souhaiteraient le plus bénéficier, et neuf sur dix s’estiment intéressés par le fait de rejoindre une entreprise le proposant.
Ce qui ne les empêche pas de mettre en avant les risques d’une telle organisation du travail. Un quart des répondants, par exemple, craignent que leurs objectifs soient inatteignables en quatre jours, ou que les attentes de leur hiérarchie deviennent irréalistes. D’autres signalent le risque de tensions entre les collaborateurs satisfaits de leur jour « off » et ceux qui se le verraient imposé.
LDLC : un cadre global pour une mise en œuvre propre à chaque équipe
Pour vérifier le bienfondé de ces appréhensions, il est indispensable de s’intéresser aux retours d’expérience des entreprises ayant opté pour la semaine de quatre jours depuis plusieurs années. C’est par exemple le cas du groupe LDLC, qui s’est lancé début 2021, et dont le président-fondateur, Laurent de la Clergerie, vient de publier un manifeste au titre évocateur, « Osez la semaine de 4 jours ! ». Plusieurs facteurs de réussite sont ainsi partagés : notamment, le fait de laisser à chaque équipe le soin d’assurer sa réorganisation, sur la base des règles définies pour l’ensemble de l’entreprise ; ou encore une certaine souplesse attendue pour s’adapter à une situation exceptionnelle, en décalant le jour off d’un ou de plusieurs collaborateurs si besoin.
« Beaucoup voulant naturellement obtenir leur vendredi, on a proposé de créer des binômes semaine paire/impaire pour faire tourner les équipes », précise Laurent de la Clergerie, qui constate par ailleurs une plus grande fluidification du travail entre les équipes : « Les collaborateurs ont appris à travailler différemment, la notion d’urgence est tombée : on apprend à attendre 24 heures, voir même 48 heures une réponse, sans stress ».
Welcome to the Jungle : de l’agilité managériale pour ajuster la GTA
Welcome to the Jungle, expert du monde du travail et de la marque employeur, a également franchi le cap de la semaine de quatre jours, dès 2019. Une récente enquête interne confirme les bénéfices ressentis par la direction et les collaborateurs, aussi bien en termes de qualité de vie au travail que de productivité – les salariés se sentant plus efficaces qu’auparavant. Elle révèle aussi la nécessité d’une agilité managériale.
Cette refonte structurelle a ainsi nécessité de s’adapter à chaque membre de l’équipe ; pour près de quatre managers sur cinq, la priorisation des missions a été le levier primordial à activer. « Nous avons tiré de vrais enseignements autour de la gestion du temps et de la priorisation des tâches, et avons davantage appris sur nous-mêmes et nos habitudes de travail, indique Camille Fauran, directrice générale de Welcome to the Jungle. Avec moins de temps, nous faisons naturellement passer au premier plan les sujets qui le nécessitent, nous anticipons mieux les choses, nous nous laissons moins déborder et apprenons à planifier plus efficacement nos journées. Le temps devient encore plus précieux, ce qui implique pour chacun d’entre nous de s’habituer à l’optimiser en continu, en travaillant de manière asynchrone par exemple, mais aussi et surtout en ne maintenant que les réunions réellement utiles. »
La semaine de quatre jours, une formule qui séduit aussi bien les salariés que leurs employeurs, devrait donc poursuivre sa montée en puissance, au service de l’expérience RH collaborateur. D’après les retours d’expérience, cette nouvelle organisation du travail implique une gestion des temps et des activités plus fine, appelant aussi davantage d’adaptabilité de la part des équipes et de réflexion sur les tâches et leur priorisation. Des enjeux aussi bien organisationnels qu’opérationnels, appelant le recours à une solution digitale de GTA.