La prévention des risques, au-delà de l’obligation légale
Comment limiter la survenue d’accidents du travail et de maladies professionnelles ? Ce défi majeur pour les entreprises peut être relevé en adoptant les dispositifs mis en place par les pouvoirs publics. Et en comptant sur la mobilisation de tous les acteurs, employeur comme collaborateur, pour aller encore plus loin.
Sécurité au travail : responsabilité de l’entreprise, vigilance de tous. C’est le slogan retenu par le ministère du Travail, du Plein emploi et de l’Insertion pour sa campagne dédiée à la prévention des accidents de travail graves ou mortels. Lancée le 25 septembre dernier, elle vise à interpeler les employeurs, mais aussi les salariés et le grand public, à l’importance de ce sujet. L’objectif consiste aussi à rappeler que chacun, à son niveau, peut agir, notamment en s’appuyant sur les ressources pratiques disponibles sur le site du ministère.
Cette campagne illustre l’importance de ce sujet pour les pouvoirs publics, qui conçoivent et déploient de nouveaux dispositifs ou encore améliorent et renforcent les plus anciens. Dans la première catégorie, citons le passeport de prévention, une mesure récente du Code du travail. Il s’agit d’un « passeport » numérique, spécifique à chaque salarié et demandeur d’emploi, dont l’objectif est de recenser l’ensemble des formations relatives à la santé et à la sécurité au travail, ainsi que les attestations, certificats et diplômes relatifs à ces formations. La Caisse des dépôts, à la manœuvre sur ce dossier, propose depuis plus d’un an un portail dédié, permettant aux titulaires d’accéder à leur passeport.
Faire du DUERP le pilier d’une politique ambitieuse de prévention
Autre outil majeur, mais plus ancien et surtout plus structurant : le document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP), obligatoire dans toutes les entreprises, même les plus petites – dès l’embauche du premier salarié. C’est la boussole de la politique de prévention des organisations : elle recense l’ensemble des données relatives aux risques qui peuvent peser sur la sécurité et la santé des salariés. Des données rassemblées sur la base d’une évaluation interne, avec le prisme des 9 principes généraux de prévention du Code du travail, et utiles à une démarche en différentes étapes complémentaires : préparation de l’évaluation des risques ; identification et classement de ces risques ; et définition des actions de prévention.
Cette grille de lecture et d’action représente donc l’un des fondamentaux d’une politique de prévention ambitieuse, qui dépasserait le strict respect de l’obligation légale de l’employeur. Par exemple, en partageant des bonnes pratiques avec d’autres entreprises du même secteur d’activité ; en anticipant les évolutions en termes de risques professionnels et de réponses opérationnelles ; ou encore en misant sur des principes clés, dont le respect de l’intégrité de l’individu ou le dialogue social.
Quatre pistes à creuser, misant sur la co-construction et l’amélioration continue
Il appartient à chaque entreprise de définir sa stratégie « prévention » en fonction de ses spécificités, de son histoire, de ses métiers, de ses ambitions RSE ; et de trouver la méthode la plus efficace pour la concrétiser. Mais certains facteurs sont à privilégier pour ancrer cette démarche dans la culture de l’organisation. Par exemple :
- Une volonté forte de la direction, son implication dans la démarche, et la recherche d’un engagement de chacun ; du représentant des IRP au manager de proximité, en passant par le collaborateur, toutes les parties prenantes doivent être sensibilisées, informées, outillées.
- Des orientations clairement définies, co-construites avec le terrain, associées à un calendrier de déploiement et des indicateurs de résultats ; les avancées permettront de consolider ce qui fonctionne et de revisiter ce qui manque de pertinence et d’impact.
- Une dynamique d’adaptation et d’évolution, pour sortir du piège d’une politique de prévention statique et rapidement obsolète ; l’idée est de rester à l’affut des changements, internes comme externes, qui influeraient sur son évolution – par exemple, l’adoption de nouvelles méthodes de travail.
- Et une mesure de l’efficacité des actions mises en œuvre, en privilégiant la réflexion collective et les retours de terrain, puis les arbitrages de l’employeur.
C’est l’ensemble de ces leviers, mobilisés de concert, qui va faire sens pour contribuer à définir des objectifs ambitieux mais atteignables, impliquer l’ensemble des acteurs – dont les salariés –, et inscrire la politique de prévention des risques professionnels dans la seule « bonne » démarche : celle de la co-construction et de l’amélioration continue.