Trois entreprises sur dix estiment ne pas être suffisamment informés sur le cadre légal de la transparence salariale.
Trois employeurs sur dix ne respectent pas les exigences légales en matière de transparence salariale. 44% des entreprises françaises n'ont actuellement aucun projet pour lutter contre les inégalités salariales
12 novembre 2024
À l'heure où le monde du travail connaît des mutations profondes, la question de la rémunération des collaborateurs se trouve au cœur des préoccupations des entreprises. Entre nouvelles réglementations européennes, attentes croissantes des salariés et contraintes économiques, les entreprises doivent repenser leur approche de la rémunération. C’est ce qui ressort d’une enquête menée auprès de différents pays en Europe, par le prestataire de Paie et de services RH SD Worx, qui analyse les défis actuels et les solutions émergentes en matière de politique salariale, révélant une transformation majeure des pratiques de rémunération dans le monde professionnel.
La transparence salariale : le nouveau chantier RH pour les entreprises
Au cœur des préoccupations RH actuelles, la transparence salariale s'affirme comme un enjeu incontournable, touchant particulièrement 33% des employeurs français qui la considèrent comme leur second plus grand défi pour ces prochaines années. Le paysage professionnel a été bouleversé par l'adoption de la Directive européenne sur la transparence salariale du 10 mai 2023. Cependant, la situation reste préoccupante : 31% des employeurs peinent encore à maîtriser ces nouvelles obligations légales, et près de la moitié d'entre eux (47%) n'ont toujours pas établi de plan d'action concret.
Malgré ce tableau mitigé, des lueurs d'espoir apparaissent : 28% des employeurs français s'investissent activement dans l'amélioration de leur transparence salariale, tandis que 18% prévoient de s'y atteler d'ici deux ans. Du côté des collaborateurs, le sentiment est partagé : 44% reconnaissent les efforts de leur entreprise en matière de transparence, laissant toutefois une majorité en attente de progrès.
Cette évolution des mentalités transforme la transparence salariale en véritable levier de performance sociale, dépassant la simple obligation légale. Les entreprises tardant à s'adapter risquent non seulement des sanctions, mais aussi une perte d'attractivité sur un marché du travail de plus en plus compétitif.
Trouver le juste équilibre des coûts salariaux et de la rentabilité
La maîtrise des coûts salariaux émerge comme un enjeu, qui préoccupe 28% des employeurs français. Cette inquiétude se justifie par une hausse significative des coûts salariaux chez 42% des entreprises sur l'année écoulée. Le défi se complexifie avec la nécessité de maintenir l'équité interne, préoccupation majeure pour 33% des employeurs.
Cette pression financière résulte d'une combinaison de facteurs : poussée inflationniste, tensions sur le marché du travail, évolutions réglementaires et concurrence accrue pour les talents. Les entreprises doivent réaliser un numéro d'équilibriste entre maîtrise des coûts et attractivité salariale. Pour 30% des employeurs, conjuguer stratégie de rémunération et bien-être financier des employés constitue un défi RH majeur, nécessitant des solutions innovantes pour optimiser les coûts tout en maintenant des rémunérations attractives.
Vers une approche globale de la rémunération
La tendance actuelle s'oriente vers une vision plus complète de la rémunération, comme en témoignent les stratégies variées des entreprises françaises. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : 52% privilégient les augmentations fixes, 37% optent pour des variables, et 30% investissent dans des avantages complémentaires (mutuelle, retraite, garde d'enfants). Cette diversification répond aux attentes des salariés, pour qui le salaire reste le premier critère de choix (60% des répondants).
L'étude SD Worx révèle une dynamique européenne encourageante : la moitié des organisations développent une politique de rémunération stratégique, avec le Royaume-Uni (60%), la Roumanie et la Pologne (58% chacune) en tête. Cette approche reconnaît l'importance d'équilibrer aspects financiers et non financiers pour garantir satisfaction et bien-être des employés.
"Quatre piliers sont essentiels pour réussir sa politique de rémunération. Notre étude montre que la moitié des organisations européennes s'y attellent déjà, certains pays montrant l'exemple. Dans notre environnement concurrentiel, aligner la rémunération sur les attentes des employés devient essentiel pour attirer et fidéliser les talents. Le salaire reste déterminant pour 60% des employés, mais l'équilibre entre rémunération et coûts, combiné à un mix d'avantages financiers et non financiers, est la clé du bien-être et de la satisfaction.", conclut Bruce Fecheyr-Lippens, DRH de SD Worx.
À propos de l’étude
SD Worx, premier prestataire européen de services RH, assiste les organisations dans le domaine des ressources humaines et des salaires. SD Worx mène régulièrement des enquêtes pour découvrir ce qui compte vraiment pour les employeurs et les travailleurs. L'analyse de l'enquête la plus récente, la « Navigator Series », fournit aux organisations une boussole pour naviguer dans les défis posés par les RH et le payroll. L'enquête a été menée en février 2024 dans 18 pays européens : Allemagne, Autriche, Belgique, Croatie, Danemark, Espagne, Finlande, France, Irlande, Italie, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Roumanie, Serbie, Slovénie, Suède et Royaume-Uni. Au total, 18 000 salariés ont été interrogés. Les résultats sont pondérés et garantissent une représentation fiable du marché du travail dans chaque pays.
En France, il s'agit de 1 000 salariés. Pour la France, les résultats ont été pondérés en fonction de la langue, de l'âge, du sexe, de l'éducation, de la taille de l'entreprise et de la région d'emploi, les coefficients de pondération étant presque tous inférieurs à 1,7.